vendredi 11 septembre 2009

In memoriam

Oncle Gérard.

À vrai dire, ce n’est pas mon oncle. C’est un des grands amis d’enfance de mes parents qui nous a vu grandir, mes frères et moi. Nous l’avons toujours appelé « mon’onc », encore aujourd’hui… du moins jusqu'à ce matin… C’était un vieux garçon. Quelques blondes par-ci, par-là. Il possédait une très grande culture. On pouvait parler de musique, de littérature, d’art, de politique, d’économie, d’histoire… de n’importe quoi en fait.

Lorsque j’avais 11-12 ans, Gérard s’était acheté une fermette dans les Laurentides. J’allais quelques fois y passer une journée ou deux en compagnie de mes frères et de mes parents. Parfois, mes parents m’y laissaient pour quelques jours. J’aidais mon oncle à s’occuper de ses chevaux (de selles anglaises) et à les entraîner. Dans la maison, une petite maison de bois, il y avait des bouquins partout. Dans chaque coin, sous les escaliers, en dessous des chaises et des tables il y avait des piles de livres qui amassaient la poussière. Au salon, encore des livres et un vieux système de son.

Une fin de semaine d’hiver, j’étais avec mon oncle. Il était tombé une belle bordée de neige la veille. Avant le dîner, mon oncle et moi avons été nourrir les chevaux et remplir les abreuvoirs d’eau fraîche (pas encore gelée). Ensuite, nous avons sorti les chevaux et nous les avons laissés batifoler dans la neige (ils aiment la neige). Nous sommes rentrés à la maison pour prendre un bon repas chaud qu'il avait cuisiné la veille.

C’était un dimanche après-midi d’hiver. Il faisait froid dehors et les rayons de soleil réchauffaient le salon encombré de livres et de vieux objets. Étendu sur le tapis, je lisais. Gérard s’est installé dans son fauteuil, il a ouvert les portes d'un petit meuble, il a tourné un petit bouton orange et un « poc » s’est fait entendre dans un des coins du salon. Quelques instants plus tard, une belle musique se fait entendre. J’ai refermé mon livre et je me suis laissé emporter par la mélodie. Mon oncle et moi sommes restés en silence, à écouter.

J’ai compris quelques années plus tard que nous écoutions un concert en direct à la radio de Radio-Canada. Le système que mon oncle possédait était un vieux Quad II (en mono), un préampli Quad, le syntoniseur Quad et possiblement un Tannoy ou quelque chose du genre (je ne suis pas certain, mais je me souviens d’un énorme haut-parleur en coin).

Par ce beau jour d’hiver, dans cette petite vallée entourée de montagnes, à regarder les chevaux courir dans la neige, en votre compagnie, j’ai découvert ce qu’était la haute-fidélité.

Merci Gérard et reposez en paix !

2 commentaires:

  1. Cher Cyr Marc,

    Devant un tel témoignage, nous te souhaitons nos plus sincères condoléance pour la perte de ce grand personnage qui était ton «mon’onc».

    Franco et lucie

    RépondreEffacer